Médecine générale: la droite sénatoriale se trompe.
Le Sénat a examiné le mardi 18 octobre une proposition de loi déposée par Les Républicains sur la professionnalisation de la formation des internes en médecine générale, visant à instaurer une quatrième année d’internat avec stages en priorité (seulement) dans les zones où l’offre de soins est déficitaire.
Pourquoi notre groupe a t-il voté contre et proposé son propre dispositif, alors qu’il a fait de la lutte contre les déserts médicaux et de la défense d’un accès pour tous aux professionnels de santé une de ses priorités ?
Nous nous sommes positionnés pour une année de professionnalisation obligatoire en zone sous dense _ hors cursus de l’internat _ qui assume clairement le double objectif d’amélioration de la formation des futurs médecins généralistes par la professionnalisation et de lutte contre les déserts médicaux en augmentant le temps médical dans nos territoires.
Tel n’était pas le cas de la proposition de loi mise ne discussion, dont le titre avait été modifié par la majorité sénatoriale pour en retirer la lutte contre les déserts médicaux, alors même que toutes ses interventions en séance n’ont porté que sur ce sujet. Or, s’il n’y a plus de lien entre formation et lutte contre les déserts médicaux alors le législateur n’a aucune raison de décider du lieu où les étudiants doivent effectuer leurs stages : cela relève uniquement de la pédagogie donc des facultés de médecine.
Nous avons défendu également une solution négociée avec les organisations syndicales des internes en médecine générale et tous les acteurs concernés, dont les collectivités locales qui se sont beaucoup investies ces dernières années _ y compris financièrement, et au-delà de leurs compétences _ pour répondre aux besoins de santé de leur population. C’est pourquoi nous avons refusé de voter un dispositif figé contre lequel d’ailleurs se sont positionnées les organisations d’internes de médecine générale. Seule une solution négociée dans ses modalités d’application permettra l’adhésion des futurs médecins au dispositif et donc son appropriation et son efficacité sur le terrain.
Les atermoiements de la majorité sénatoriale, tout au long de la procédure législative, sur le statut et la rémunération à appliquer ont fait la preuve que la co-construction de la mise en œuvre de cette quatrième année en amont lui avait manquée.
Enfin, nous avons insisté sur le fait que la question complexe de l’égal accès aux soins pour tous ne pourrait progresser significativement sans un panel de mesures visant à augmenter rapidement le temps médical dans les zones déficitaires, pour passer la phase aigüe de pénurie médicale.
C’est dans cet objectif que notre groupe , socialistes et républicains, proposera au Sénat d’examiner, le 8 décembre prochain, une proposition de loi entièrement dédiée à la lutte contre les déserts médicaux.