SON IDENTITE POLITIQUE
« Je suis socialiste mais je ne suis pas pour la socialisation des moyens de production » (PR, 15/09/16).
Je suis socialiste car « je poursuis cette idée de justice tout en assurant le destin d’une nation, pas n’importe laquelle, la France, dans le monde ». Le socialisme « porte le mouvement de réduction des inégalités à l’échelle de la planète ».
« Tout l’enjeu est de savoir si la gauche, plutôt que le socialisme, d’ailleurs, a un avenir dans le monde, ou bien si la mondialisation a réduit, voire anéanti, cette espérance ».
« Je ne le crois pas. Je continue de penser que le clivage gauche-droite reste fondateur de la démocratie. Je pense que la gauche de gouvernement est aujourd’hui devant une vraie difficulté, parce qu’elle est contestée non seulement par la droite, mais aussi maintenant par l’extrême droite autour des thèmes identitaires. En plus, elle est défiée, comme elle l’a toujours été, par une autre gauche qui s’est écartée de la gouvernance du monde ».
LOI TRAVAIL
« Si être social-démocrate, c’est accepter le compromis, je suis social-démocrate. Donner toute leur place aux partenaires sociaux c’est l’objet de la loi travail si décriée par ceux qui craignent la négociation collective au niveau le plus pertinent. Tout au long du quinquennat, j’ai cherché à mettre en dialogue un patronat moderne et un syndicalisme réformiste. C’est difficile. Il y a des résistances. Et à droite comme à gauche il y en a qui pensent encore que tout doit passer par l’Etat et la loi. Mais, depuis 2012, des accords importants ont été négociés. Et le syndicalisme réformiste s’est renforcé ».
POLITIQUE DE L’OFFRE – PACTE DE RESPONSABILITE
« Je ne suis pas un libéral, dans le sens où la logique du marché devrait tout emporter. En revanche, j’admets dans certaines circonstances une politique de l’offre. En 2012, l’état du pays justifiait d’aider les entreprises pour redresser leur compétitivité. Ce fut le sens du pacte de responsabilité [ …] L’offre doit forcément rencontrer la demande. C’est le rétablissement des marges qui permet de procéder à une redistribution. Il faut produire avant de répartir. Et sans consommateurs, il n’y a guère d’avenir pour les entrepreneurs. Le libéralisme, c’est l’idée que seul le marché fournit les bons signaux, que l’Etat n’a plus sa place, que la régulation est contre-productive. Or tout ce que j’ai fait, que ce soit dans le domaine environnemental ou sur le plan fiscal ou dans la maîtrise de la finance, contredit cette vision de l’économie ».
LA GAUCHE DE GOUVERNEMENT
« J’ai été particulièrement clair dans la campagne des primaires. J’ai parlé de changement, pas de rupture ».
Par ailleurs, « je ne […] renie pas » le discours du Bourget.
« La gauche de gouvernement devient suspecte dès qu’elle accède aux responsabilités et son destin est de toujours être accusé de trahison. Il n’y a pas d’exemple d’une gauche au pouvoir qui n’ait été sous la pression des procureurs de l’alternative ».
« Face à cette perpétuelle suspicion, la gauche de gouvernement ne doit pas baisser les yeux et être davantage fière de ce qu’elle fait […] La gauche est toujours belle dans l’opposition, non pas simplement parce qu’elle retrouve la blancheur de ses mains, mais aussi parce qu’elle mythifie ses réformes passées, en oubliant combien il était dur de convaincre de leur bien-fondé quand elle était aux responsabilités ».
« Je m’inscris dans cette lignée du socialisme de gouvernement avec l’idée qu’il faut assumer le pouvoir sans se faire absorber par lui ».
« Dans certains milieux […] l’enjeu n’est plus le pouvoir. Le but est l’empêchement. […] L’objectif est d’entraver l’Etat, par tout moyen, selon la théorie du grain de sable. Non plus de contester ses réformes, mais de paralyser l’Etat. […] Cette tentation peut se retrouver sur le terrain syndical. Plutôt que de passer par la négociation pour chercher un compromis, mieux vaut bloquer ».
DE LA DIFFICULTE A CONVAINCRE – LES REPONSES
« Il y a forcément ce qui relève de ma propre responsabilité. Ce serait trop simple de dire que je suis victime d’un système qui produit mécaniquement de la défiance. Peut-être est-ce dû à un défaut de pédagogie, à l’incompréhension liée à certaines décisions notamment fiscales en début de quinquennat, à la persistance d’un niveau élevé du chômage et aux divisions de la majorité. Mais je pense néanmoins que ces indices témoignent davantage d’une contestation globale du pouvoir que d’un jugement définitif sur les idées que je représente et sur mon action ».
Aujourd’hui, « le temps de la décision politique est désormais décalé par rapport à celui des entreprises, des citoyens et des acteurs sociaux. Autant la durée est nécessaire pour avoir des débats approfondis et sereins et pour donner aux citoyens les moyens de suivre le processus de décision, autant elle n’est plus conforme aux nécessités de l’action dans la mondialisation ». Cela amène à un « double dessaisissement : celui de l’autorité qui n’arrive pas à créditer sa parole et celui du citoyen qui considère n’être pas entendu ».
« La meilleure réponse serait de remédier aux défauts de notre démocratie française en associant davantage les citoyens aux décisions. Les moyens technologiques permettent de les consulter, de les faire participer à l’élaboration des réformes et de surmonter la crise profonde de la représentation ». Il est « nécessaire de prendre en compte cette évolution en introduisant des mécanismes réguliers de consultation de citoyens (jurys, états généraux, débats participatifs, référendums locaux). Elaborer la loi en prenant le temps de sa consultation et en allant beaucoup plus vite dans son adoption. Je suis favorable à cette mutation institutionnelle »
FONCTION PRESIDENTIELLE : MAITRISE / RESPONSABILITE
« La fonction présidentielle est doublement exceptionnelle. Elle exige de porter une politique et une parole à l’extérieur. Et de prendre des décisions de nature exceptionnelle, qui par définition ne peuvent être inscrites dans aucun programme » comme les interventions sur les théâtres extérieurs ou les décisions à prendre suite aux attentats. « Ce sont les circonstances qui font que la parole prend une tout autre intensité ».
« Comme la fonction est exceptionnelle, il faut que la femme ou l’homme qui l’exerce soit maître de lui-même. C’est cela que je voulais signifier en parlant d’un « président normal ». […] Le président ne doit utiliser la fonction ni pour se protéger excessivement, ni pour se mêler de tout en rendant confus le fonctionnement des pouvoirs publics ».
« Je maintiens la nécessité d’un président maîtrisé parce que la fonction est exceptionnelle. Les caractéristiques personnelles sont très importantes. Au moment du choix, il s’agit bien sûr du choix d’une orientation, d’une politique, d’un chemin, mais il s’agit aussi du choix d’un caractère, d’une conception de l’Etat, d’une vision de la République, d’une vision de la France ».
L’IDENTITE DE LA FRANCE
« Je n’écarte pas la question de l’identité au prétexte que d’autres s’en seraient emparés. Faut-il encore avoir sa propre définition de l’identité ».
« Il y a l’identité négative […] Pour ses défenseurs, elle se détermine essentiellement par rapport à l’islam. C’est ce qui fédère toutes les extrêmes droites européennes et même au-delà ». « Pour la droite, l’identité est défensive. Au nom de l’héritage chrétien et du creuset français ».
« Pour la gauche, elle doit être positive. Montrer que la France, c’est une idée. Une idée qui a permis de rassembler des citoyens venant d’origines multiples, de parcours différents, de métissages et qui ont formé une nation unie par des valeurs et un projet collectif. S’y ajoute l’exigence de sécurité face aux dangers fondamentalistes […] La radicalisation est un danger majeur pour les individus et notamment les jeunes qui en sont victimes, mais aussi pour la société française qui pourrait se fracturer sur l’idée même de la coexistence. C’est bien le calcul effroyable des groupes fondamentalistes […] La gauche a la capacité, par les valeurs qu’elle porte et la laïcité qu’elle a contribué historiquement à construire, de donner sa place à la question religieuse. D’où le rôle de l’école dans la transmission des connaissances mais aussi le partage des valeurs communes et l’apprentissage de la citoyenneté ».
« Ce sont les autres sujets (l’éducation, le logement, l’emploi, la démocratie) qui fournissent aussi la réponse à la question identitaire. Elle ne se résout pas de la même manière avec une économie plus forte, avec une éducation qui fonctionne mieux, avec des services publics plus efficaces, avec une Europe qui a du sens ».
« La France que je porte est la France fraternelle. La liberté, l’égalité, chacun en connaît le sens. La fraternité est une invention que l’on redécouvre sans cesse. La fraternité ce n’est pas la générosité, ce n’est pas la solidarité, c’est le sentiment d’être ensemble, frères de destin. C’est ce qu’il y a de plus fort dans la République. « La meilleure arme » pour « défendre […] la maison France […] est la République ».
CRISE GRECQUE & SA VISION DE L’EUROPE
« Si j’avais provoqué une crise au moment où la Grèce, le Portugal, l’Espagne, voire l’Italie, étaient en difficulté, j’aurais isolé la France, déchaîné la spéculation en pleine crise bancaire et sans doute provoqué l’éclatement de la zone euro ».
« Aujourd’hui, les comptes publics ont été rétablis, la compétitivité du pays a été restaurée, la politique a repris ses droits. Ce qui m’a permis de convaincre mes partenaires de garder la Grèce dans la zone euro. Si je n’avais pas été ferme sur cette ligne, elle aurait probablement été poussée vers la sortie contre la volonté de ses dirigeants et d’abord d’Alexis Tsipras. Et de son peuple. Car l’euro est une protection et une solidarité ».
« Il nous faut revenir à la question essentielle : qu’est-ce qu’une union politique ? Ce n’est pas seulement un espace démocratique, des valeurs, un marché et une devise. C’est une capacité à se protéger et à peser dans le monde […] La priorité immédiate, c’est la défense, la protection des frontières, la lutte contre le terrorisme qui engagent la sécurité du continent » (PR, 15/09/16).