Aucun mot, aucun geste ne remplacera l'horreur pour la famille de la policière municipale de Villiers S/Marne lâchement abattue par des gangsters!
Mais au-delà de ce drame, chacune et chacun s'interroge, d'autres s'engouffrent dans ce drame pour en sortir avec des gains syndicaux professionnels ou de sécurité.
J'ai pris le temps pour réagir, car à chaud tous les mots peuvent être complexes.
Maire de Bondy, cette ville de 54 000 habitants (es) , j'ai en gestion directe une police municipale. Elle a été créée il y a bien longtemps, bien avant 1995 date de mon élection aux fonctions de maire.
Mais nous l'appelions "Garde Urbaine" et nos agents territoriaux non-armés étaient habillés dans une tenue ne permettant aucune confusion avec le corps des gendarmes – nous en avions encore- et encore moins avec les policiers d'Etat ou CRS.
C'est sous le ministre PASQUA que les premières déviances , selon moi, sont intervenues: en effet en voulant placer sous un même vocable de "POLICE MUNICIPALE" et en demandant le même type d'uniformes "Bleu Marine" et des logos reprenant plutôt de près que de loin le sigle tricolore…Tous les ingrédients pour la confusion des genres étaient présents!
A cela c'est rajoutée la folle envie de maires ou de policiers municipaux d'obtenir le port d'armes. La boucle est bouclée.
Car enfin, notre système républicain, combien de fois faudra-t-il de dire et redire, repose sur le principe régalien: l'Etat est responsable de la sécurité des biens et des personnes, de la défense nationale et de la justice.
Pour le moins, nous élus (es) locaux pouvons contribuer à la sécurité des biens et des personnes, mais sans compromis, sans confusion des genres.
Hier, nous apprenions par voie de presse, que le ministre B. Hortefeux, ayant reçu les syndicats de policiers municipaux va donc promulguer une circulaire autorisant le port de TASER.
Mais depuis quand le ministre de l'intérieur est-il l'autorité responsable des polices municipales? Confusion encore!
Le drame de Villiers, examiné de façon factuelle: une police municipale armée, des employés territoriaux qui ne sont en aucun cas formés à l'identique des fonctionnaires de la police d'Etat (ni en niveau d'accès au concours, ni dans le cursus, ni dans les règles de commandement). Un prise en chasse d'une voiture, aucun lien en canal son avec la police nationale, qui elle surveillait ces gangsters…Un policier municipal qui fait usage de son arme, des répliques avec de gros calibres…puis le drame horrible.
J'en appelle à la raison de mes collègues élus locaux.
Allons ensemble vers des polices municipales dont les missions définies permettent de faire la différence. Habillons nos fonctionnaires de couleurs différentes de la police nationale, changeons les sigles et sérigraphies sur les voitures municipales, elles ressemblent de trop aux voitures des policiers; et désarmons nos fonctionnaires pour marquer cette différence.
Ma position peut ne pas être populiste, mais si je suis un élu convaincu de notre rôle local à la sécurité, je crois intimement que nous pouvons faire oeuvre d'utilité en rendant distinct nos missions.
Dans les grandes villes, nous gérons aussi le stationnement, un corps d'agents territoriaux est né avec une différence de niveau de recrutement d'avec les policiers municipaux; désormais ils sont eux aussi vêtus comme la pm ! encore de la confusion. Je vous laisse imaginer quand des voyous tentent de cambrioler une banque au moment où le pauvre fonctionnaire dépose des pv pour mauvais stationnement, cela se produira un jour hélas.
Rien ne rendra la vie, sa bonne humeur, son sourire à cette policière municipale; mais sachons, osons en tirer les enseignements qui s'imposent sauf, sauf si le but final est de faire des maires les autorités réelles de la sécurité nationales des biens et des personnes, mais c'est un autre débat.