La crise, comme disait Gramsci, c’est l’ordre ancien qui tarde à disparaître, et l’ordre nouveau qui tarde à naître.
Hier, Donald Trump a été élu 47e Président des Etats Unis. Cette victoire est sans conteste : Le Congrès, le Sénat et la présidence seront désormais tous Républicains, conquis au moyen d’une sombre campagne basée sur la division et la haine.
Mécontents et insatisfaits, les Américains ont voulu faire jouer l’alternance, au mépris des alertes aux dangers du trumpisme, tant ce qu’il porte est un cauchemar pour les libertés et droits fondamentaux, produit une société toujours plus polarisée et divisée.
C’est une certaine idée du progrès et un optimisme dans l’avenir qui périssent dans cette élection. Malgré les outrances répétées et le racisme, la misogynie de Trump à l’égard des immigrés et des femmes, personne ne semble se souvenir des conséquences dramatiques tant humaines qu’économiques de la politique de son précédent mandat : L’heure est dorénavant à la fermeture, au contrôle des flux migratoires, au contrôle du corps des femmes.
L’autre leçon de cette élection est pour le monde, l’Europe et la France.
Si les Etats-Unis entrent dans une nouvelle ère, ils nous font entrer dans un monde nouveau : plus nationalistes, plus protectionnistes, plus isolationnistes, et moins interventionnistes, ce sera « America First » à nos dépens, au moment où la guerre fait rage en Ukraine, où le Proche-Orient est en flammes. Les Européens sont livrés à eux-mêmes.
Alors qu’en Ukraine l’invasion russe ne faiblit pas, Donald Trump veut cesser toute aide directe américaine, négocier avec Poutine, et les européens ne font pas assez, sont incapables de tenir leurs promesses. Alors que la guerre commerciale entre grandes puissances va s’intensifier sous les coups de boutoir américains, les européens sont désunis et l’Europe reste plongée dans la naïveté du libre-échange. Alors que la crise écologique s’accélère, Trump ressortira des accords de Paris, et l’Europe renâcle toujours à investir pour la nécessaire révolution écologique.
Désormais au bord du précipice, seule la construction d’une puissance écologique européenne pourra nous permettre de faire face.
Construire notre propre défense, assurer notre propre sécurité, bâtir notre propre puissance. Voilà la mission qui nous attend afin de faire naître un horizon de justice, d’émancipation et de paix.
Il est temps de réveiller l’Europe.