POURQUOI LE GOUVERNEMENT CONTINUE A S’OPPOSER FRONTALEMENT AUX ADVERSAIRES DE LA REFORME DES RETRAITES ?
L’attitude frontale du gouvernement ne fait que renforcer jour après jour la mobilisation des opposants à la réforme des retraites. La retraite par points est en train de devenir une machine à broyer les régimes spéciaux : à force de pointer du doigt une catégorie professionnelle – les cheminots – et de stigmatiser une « grève très corporatiste », le gouvernement va réussir à coaliser contre sa réforme l’ensemble de la population française, et risque de déclencher par son attitude irresponsable un conflit où la violence va remplacer la négociation.
Vouloir imposer une réforme globale, beaucoup trop brutale, est une erreur : mieux aurait valu procéder par étapes successives.
Comme l’a écrit Christian Eckert, il faut arrêter avec le discours selon lequel la Sécurité sociale est largement en déficit. Créée en 1996, la CADES aura reçu et remboursé toute la dette de la Sécurité Sociale au plus tard début 2024. En 2024, la CADES n’aura plus de raison d’exister et 24 milliards deviendront disponibles tous les ans.
Fin 2016, les réserves accumulées par les régimes par répartition se montent en tout à 129 milliards d’euros. De plus, le montant des actifs du fonds de réserve des retraites, créé par Lionel Jospin en 1999, s’élève à 36 milliards, soit 165 milliards en tout.
Aussi est-il inutile de créer une rupture irrémédiable entre différentes catégories de travailleurs : le régime par répartition peut perdurer, la France en a les moyens.