Conscients de l’urgence à trouver des solutions pérennes aux crises qui frappent des zones qui nous sont proches, les sénateurs de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat se sont saisi des enjeux de sécurité et de développement. Les deux rapports sénatoriaux publiés cet été, l’un sur les interventions extérieures de la France, l’autre sur l’aide publique au développement au Sahel, aboutissent à un même constat.
Il n’y aura pas de développement sans sécurité, ni de sécurité sans développement. La France consent un effort considérable en faveur de la stabilité par ses opérations extérieures, et c’est à son honneur. Les interventions extérieures de notre pays coûtent à la France ; elles nous endeuillent trop souvent. Ce coût est malheureusement nécessaire : nous savons désormais à quel point le sort des citoyens des pays du Nord et du Sud sont liés, imposant une logique de solidarité face aux défis communs. Mais, comme l’indique le chef d’état-major des armées, « il ne suffit pas de gagner la guerre, il faut gagner la paix ». Les populations du Sahel doivent pouvoir compter sur des perspectives de vie digne pour elles et leurs enfants pour que cesse le cycle de la violence et de l’instabilité.
Or nous constatons qu’au Sahel, en Afrique centrale ou encore dans le pourtour de la Syrie, la France ne dispose plus d’assez de moyens pour agir de façon significative sur le terreau des crises : l’absence de perspectives d’insertion des jeunes, la faiblesse de l’éducation de base, le sous-développement agricole, la perte de légitimité de pouvoirs publics en peine de répondre aux aspirations de leurs citoyens.
C’est pourquoi, alors que le gouvernement finalise le projet de budget pour 2017, nous demandons que soient dégagées les ressources nécessaires à la mise en place de projets de développement dans les zones les plus vulnérables, susceptibles à tout moment, de basculer ou de retomber dans la crise. Sur les questions de sécurité et de développement les sénateurs, d’horizons et de traditions politiques différentes, parlent d’une seule voix. Notre pays ne peut attendre. C’est fort de cette conviction que nos deux rapports préconisent la création d’une Facilité de lutte contre les vulnérabilités et de réponse aux crises au sein de l’Agence française de développement, dotée d’au moins 100M€ de subventions par an. La paix au Sahel, intimement corrélée au développement de ces territoires, est un bien public dont l’intérêt déborde le continent africain. Investir dans ce bien public coûtera moins – humainement, financièrement, politiquement – que de gérer les répercussions de crises qui durent, s’enracinent et menacent de s’étendre.
Liste des cosignataires :
Jean-Marie BOCKEL, Sénateur du Haut-Rhin, ancien Ministre,
Jacques GAUTIER, Sénateur Hauts-de-Seine
Cédric PERRIN, Sénateur du Territoire de Belfort
Jeanny LORGEOUX, Sénateur du Loir-et-Cher
Hélène CONWAY-MOURET, Sénatrice des Français établis hors de France, ancien Ministre
Daniel REINER, Sénateur de Meurthe-et-Moselle
Gilbert ROGER, Sénateur de Seine-Saint-Denis