Alstom: il faut sauver notre outil industriel

Christophe Sirugue et la direction d’Alstom ont présenté ce mardi à Belfort un plan pour le maintien des activités ferroviaires et industrielles sur le site de Belfort. 3 axes ont été identifiés et constituent un plan alternatif à celui envisagé initialement : des annonces de commandes, un développement des activités de services et des investissements significatifs pour une diversification du site. Alstom s’engage ainsi à moderniser l’outil industriel, avec un objectif d’employer 150 personnes d’ici à 2019 pour ces activités et à produire d’autres types de véhicules ferroviaires et routiers. Au total, l’entreprise investira 40 M€ pour préparer l’avenir de son usine franc-comtoise, sans compter les 30 M€ d’investissements concernant le projet de « TGV du futur ». Par ailleurs, des commandes ont été annoncées : 21 TGV Euroduplex et 20 locomotives de manœuvre qui viennent s’ajouter à la confirmation de la commande de 30 Trains d’Equilibre du Territoire (Intercités) qui sera concrétisée rapidement. Ce plan, construit par un dialogue entre toutes les parties concernées, apportera des solutions au problème du plan de charge et des perspectives à plus long terme pour le site de Belfort. Il s’inscrit plus globalement dans une démarche visant à défendre et à promouvoir la filière ferroviaire en France. L’Etat prend ses responsabilités, comme à chaque fois qu’il est sollicité. Crier au bidouillage n’y changera rien : par une stratégie de long terme, le site de Belfort est sauvé.

Depuis 2012, le gouvernement défend avec fierté notre industrie. Ainsi depuis 6 mois, les annonces d’ouvertures de sites industriels dans l’Hexagone dépassent les fermetures, d’après les données publiées ce mardi par l’Observatoire Trendeo. Celui-ci a recensé 82 créations annoncées au cours des deuxième et troisième trimestres, contre 75 fermetures. C’est la première fois depuis 2009 que le solde est positif plus d’un trimestre.

Cet engagement se poursuit aujourd’hui conformément à l’objectif fixé par le président de la République de pérenniser l’activité d’Alstom à Belfort. « Grâce à la mobilisation de l’Etat et à l’engagement de tous », ce site « est sauvé » (PM, 04/10/16). C’est ce qu’a annoncé Christophe Sirugue aux syndicats, aux élus locaux et à la direction d’Alstom ce mardi à Belfort. En effet, le gouvernement a travaillé avec la direction d’Alstom depuis son annonce initiale début septembre, sur la base d’une étude précise des commandes envisageables qui bénéficieront à Belfort et aux autres sites d’Alstom.

3 pistes ont été dessinées avec Alstom pour maintenir l’activité et l’emploi sur le site de Belfort :

– Des annonces de commandes pour conforter le leadership technologique et maintenir la production à Belfort : les activités ferroviaires seront maintenues, y compris en production.

o Les activités d’ingénierie développeront le « TGV du futur », auquel Alstom et l’Etat (via l’Ademe) consacreront 30 M€ d’ici 2 ans. Les premiers exemplaires seront produits à partir de 2021.

o Alstom va investir 30 M€ d’ici 2018 pour développer et industrialiser une plate-forme de locomotive de manœuvre hybride bien adaptée au marché et développée par l’ingénierie de Belfort. L’Etat pourra, après une instruction approfondie, apporter un soutien financier au développement de cette plate-forme.

– Développer des activités de services, et faire de Belfort le centre européen de référence de la maintenance des locomotives du groupe Alstom : un plan de diversification dans la maintenance et les services de Belfort est conforté, en lien avec les collectivités locales, et l’Etat a obtenu que l’activité emploiera 150 salariés à terme. Alstom investira 5 M€ dans ce plan d’ici 2019.

– Construire l’avenir de Belfort par la diversification et l’investissement : Alstom a annoncé qu’une diversification pour préparer la production d’autres types de véhicules, dont le bus électrique, permettra de conforter l’avenir du site. Alstom investira 5 M€ dans ces projets d’ici 2020.

Au total, Alstom s’engage donc à investir 40 M€ en 3 temps pour « préparer l’avenir » de son usine franc-comtoise, sans compter les 30 M€ d’investissements concernant le projet de « TGV du futur ».

Par ailleurs, le gouvernement s’engage pour la préservation des compétences industrielles et l’emploi en France en passant de nouvelles commandes de TGV et de locomotives :

– L’Etat commandera dans les tous prochains mois 15 TGV destinés aux lignes Intercités Bordeaux-Marseille :
o Par extension des services effectués de longue date par le TGV de Bordeaux à Toulouse, cette commande de 15 rames TGV Euroduplex pourra équiper la ligne Intercités qui relie Bordeaux à Marseille.
o La ligne Intercités Bordeaux-Marseille a été désignée par le rapport Duron comme une ligne structurante, c’est-à-dire ayant un fort trafic et un rôle important pour le dynamisme des régions concernées. Cela est d’autant plus vrai avec la création des nouvelles régions puisque cette ligne fait la jonction entre les 3 grandes régions du Sud de la France.
o Cette commande s’inscrit enfin dans un contrat-cadre existant et représente un investissement de 450 M€.

– SNCF Mobilités commandera 6 TGV Euroduplex pour la liaison Paris-Turin-Milan. Ce renouvellement est indispensable à la SNCF pour pouvoir circuler sur cette ligne, l’Italie ayant réalisé des changements de sa règlementation ferroviaire qui nécessitent un nouveau matériel. Cette commande qui s’inscrit dans le cadre d’un contrat-cadre entre SNCF Mobilités et Alstom, était prévue depuis longtemps pour le renouvellement de la flotte sur cette partie du réseau ferroviaire. Elle représente un investissement de 200 M€.

– SNCF Réseau commandera en outre 20 locomotives destinées au remorquage des trains en panne.

– Enfin, la commande de 30 trains Intercités, annoncée en février, sera concrétisée comme prévu d’ici à la fin du mois avec les régions. Elle permettra de conforter le site Alstom de Reichshoffen.

La concrétisation de ces différents axes de travail fera l’objet d’un suivi régulier entre Alstom, l’Etat et les collectivités et les organisations syndicales. Alstom engagera un dialogue social avec les organisations syndicales pour accompagner l’adaptation du site à ces nouvelles missions.

Ces annonces montrent que le travail conjoint de l’Etat et de la direction d’Alstom a permis d’ouvrir de nouvelles perspectives pour le site industriel historique de Belfort. L’Etat, avec 20 % du capital d’Alstom, doit être porteur à la fois d’une vision de long terme et d’une exigence de compétitivité, les deux étant parfaitement liés. Aussi, les solutions apportées ont une logique économique et s’inscrivent dans une stratégie d’entreprise de long terme, qui conforte l’ancrage français de son dispositif industriel et technologique.

Il ne s’agit pas de solutions temporaires. Les pistes présentées avec Alstom, la croissance des activités de maintenance mais aussi l’annonce d’une stratégie de diversification visent précisément à nous assurer qu’un avenir pour le site de Belfort puisse émerger. Plus globalement, le gouvernement est pleinement mobilisé pour la filière ferroviaire française. Il réunira avant la fin de l’année le comité stratégique de la filière ferroviaire pour examiner les actions à entreprendre.

Il est assez étonnant de mettre en cause le gouvernement, il y a quelques jours parce que celui-ci ne prendrait pas ses responsabilités, ne jouerait pas son rôle d’Etat actionnaire » et aujourd’hui parce que tout ne serait que « d’un bidouillage ». Le gouvernement assume ses « responsabilités comme Etat-actionnaire. Sans l’intervention de l’Etat, aujourd’hui Alstom n’aurait pas été en possibilité – non seulement d’annoncer qu’il développait le site de Belfort – mais de dire d’une manière générale, que le site pouvait voir l’avenir d’une autre manière ». « C’est assez étonnant d’entendre cette critique » alors qu’elle n’a « jamais [été] entendue par exemple concernant Rafale et Dassault » (PM, 04/10/16).

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Gilbert Roger

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